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MÉPHISTOPHÉLA

sales tristesses de sa vie, Magalo avait eue pour Sophor, et la ferveur qui, dans Sophor, à présent, s’exaltait vers Emmeline. Au sortir de quelque monstrueux péché, elle s’innocentait en cette religion, comme on se laverait dans une rosée baptismale ; d’autres fois, il lui semblait que la vision d’Emmeline, dont elle se sentait frôlée, se posait sur son épaule, comme une colombe.

De sorte que, longtemps inavouée, la pensée de revoir son amie d’enfance enfin la posséda toute, ne la quitta plus.

La revoir ?

Hélas ! Emmeline ressemblait-elle encore à la jeune fille d’autrefois ? Tant de jours, de mois, d’années, avaient passé. Mariée, la si chère devait être bien différente de ce qu’elle fut. D’ailleurs, qu’espérait Sophor ? Est-ce que la possibilité d’une tendresse renouvelée et désormais continue lui apparaissait, au loin ? Est-ce qu’elle concevait le dessein d’un avenir fait de toutes les douceurs du passé et d’autres douceurs aussi ? Elle ne s’interrogeait pas. Quoi qu’Emmeline fût devenue, — elle devait être adorablement jolie, toujours, — quoi qu’il dût résulter de leur rencontre, Mme d’Hermelinge avait besoin de la revoir, voilà tout, comme, la bouche affadie de sucre liquoreux, on aurait envie d’un flocon