Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/458

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
448
MÉPHISTOPHÉLA

de Céphise. Mettant à profit les heures où son amie était retenue par les répétitions, par les spectacles, elle revint vers les camarades d’hier ; à l’insu de la comédienne, elle tenta aussi, par foucade, des aventures nouvelles. Parce qu’elle était fameuse, parce que son étrangeté attirait toutes les extravagantes, toutes les détraquées, elle voyait, aux théâtres, dans les restaurants, — dès qu’une voix l’avait nommée, — des yeux de femmes, qui offraient et demandaient, elle recevait des lettres qui n’hésitaient pas à proposer des rencontres pendant l’absence des parents ou du mari ; et de petites filles, — pensionnaires à qui l’avait révélée la chronique d’un journal lu en cachette, — lui envoyaient des fleurs dans des lettres d’où montait une odeur d’iris et de frais corsage. Elle ne perdit pas le temps à choisir ! En prenant toutes ces créatures que lui livrait l’ardente démence dont le foyer était en elle, il lui semblait qu’elle rentrait en possession de son bien, qu’elle exerçait un droit ; elle avait aussi l’impression de remplir une espèce de devoir. Elle s’apparaissait à elle-même comme accomplissant une mission que lui ordonnait la fatalité de son être ; et le Rire qui, parfois, lui tintait dans l’oreille, ce rire auquel elle se plaisait maintenant, dont elle sollici-