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MÉPHISTOPHÉLA

tout ! Ainsi, c’est vrai, elle vient ici, souvent ? Quand ? le matin, lorsque je dors encore, ou l’après-midi, tandis que je répète, ou bien, le soir, pendant que je joue ? C’est donc pour ça qu’on ne la voyait plus au théâtre. C’est le soir qu’elle vient, j’en suis sûre ; elle vous trouve plus jolie aux lumières !

Silvie souriait tristement.

— Je comprends, dit-elle, vous êtes jalouse.

— Eh bien ! oui, jalouse. Pourquoi pas ? Est-ce que ce n’est pas mon droit de la vouloir toute, puisque je n’ai qu’elle ? Parlez vite. Vous voyez que j’ai deviné les choses ; ce n’est pas la peine de me rien cacher maintenant.

Silvie la prit doucement par la main, la conduisit vers un grand fauteuil, la fit s’asseoir, s’assit tout près d’elle, sur un tabouret. Puis, les yeux attendris, elle dit de sa voix murmurante :

— Vous vous trompez, je vous assure que vous vous trompez. Il y a plus de trois ans que Sophor n’est pas venue chez moi. Vous pouvez interroger les domestiques, les gens de la maison. Il y a plus de trois ans.

Alors Céphise :

— Vous ment…

— Je ne mens pas. Je dis toujours la vérité. Vous avez eu quelque querelle ensemble, il vous