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MÉPHISTOPHÉLA

ce fut d’un pas tranquille, sans émotion visible, — résolue à toutes les patientes investigations, — qu’elle monta l’escalier, qu’elle entra dans l’antichambre. Tout de suite on introduisit la visiteuse.

— Vraiment, c’est vous ? dit Silvie, étonnée. Qu’il y a longtemps que l’on ne vous a vue !

Et elle tendit la main à Céphise Ador, après avoir mis le bout de sa mule sur une cigarette qu’une petite toux lui avait poussée hors de la bouche. Puis elle se remit à peindre. C’était une touffe de violettes qui commençait de fleurir sur la toile. Il y avait bien des mois que Silvie avait renoncé aux grands tableaux, avec des personnages. Même les portraits au pastel ne la tentaient plus. Ce qu’il y avait toujours eu, en cette délicate et médiocre artiste, de la pensionnaire qui a des dispositions, reprenait le dessus. Elle faisait aussi quelques aquarelles. Des moulins battant de l’aile près d’une eau qui court, des ouvertures de grottes, voilées de roses grimpantes, sous des acacias fleuris. Elle se plaisait dans ces menus ouvrages, imaginations naturelles de sa petite âme pleine d’une rêverie de romance.

Les deux femmes causèrent, avec des silences çà et là, des choses dont on parle lorsqu’on ne