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MÉPHISTOPHÉLA

faire chez Silvie. Elle aurait dû courir chez Mme d’Hermelinge, d’abord, chercher dans les tiroirs, découvrir des lettres. Des lettres ? elles n’avaient pas dû s’écrire, puisqu’elles se voyaient si souvent, tous les jours, quand elles voulaient. Puis, Mlle Elven n’était pas de celles qui écrivent ! une femme, assez soigneuse de son repos, de sa santé, pour accepter des baisers fatigués, assez peu éprise pour s’accommoder d’un partage agréable à la paresse de l’amour, sait se garder des imprudences qui la pourraient compromettre. Les preuves, s’il était possible d’en avoir, c’était dans l’atelier de Silvie que Céphise les trouverait. Sur quelque meuble, elle verrait un mouchoir, un gant, appartenant à Sophor. Peut-être la petite artiste avait-elle commencé quelque tableau, — nymphe guerrière, faunesse dans les bois, — d’après Mme d’Hermelinge. Oh ! en entrant, Céphise aurait l’air indifférent d’une dame qui vient rendre une visite ; mais comme, de l’œil, elle furèterait dans les coins ; comme elle jetterait adroitement, par la porte entr’ouverte, un regard dans la chambre voisine. Puis, elle se lèverait, marcherait çà et là, en admirant les toiles, ainsi qu’on fait dans les ateliers, retournerait tout à coup un chevalet où lui apparaîtrait la ressemblance de Sophor ! Donc, il fallait qu’elle allât chez Mlle Elven. Et