Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/429

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
419
MÉPHISTOPHÉLA

peux être sûre que cela ne finira pas de la sorte ! et si tu en aimes une autre, tu peux compter que je vous tuerai elle et toi, — elle d’abord, — oui, je vous tuerai, tiens, avec ce poignard, avec ce poignard, regarde !

Elle avait pris sur la cheminée un stylet ancien, d’argent, à la monture ciselée où une petite tête de mort avait des yeux de rubis ; et, l’enfonçant dans la poitrine de quelque rivale imaginaire, elle avait, déchevelée, la gorge battante dans l’écartement du peignoir de satin d’or, l’air d’une tragique héroïne frémissante de vengeance et d’amour.

Sophor dit, brutalement :

— Cinquième acte.

Et elle saisit Céphise par les poignets, la serra très fort, la força de lâcher le joujou à la lame vive, qui, la pointe en avant, traversa le tapis, s’enfonça dans le parquet et resta droit, en vacillant. Alors, la jalouse, tombée à genoux :

— Fais-moi mal, fais-moi mal, je le veux bien. Tords-moi les bras, brise mes os, je t’en prie ! je comprends que j’ai tort. Oui, j’ai tort. Tu as des ennuis que tu ne veux pas me dire, et moi, avec mes idées, je te tourmente, je t’empêche d’être triste à ton aise. C’est mal. Tu as raison d’être fâchée. Je sais bien que ce n’est