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MÉPHISTOPHÉLA

affreusement, le plaisir que je n’ai pas même eu. Oh ! j’ai peur de ce qui m’arrivera quand tout le monde croira qu’il ne peut plus rien m’arriver. Mais toi, toi, il ne faut s’occuper que de toi. Je t’aime tant que je ne voudrais pas te causer de la peine même pour ton bien. Pourtant, il est nécessaire que je parle. Tu as fait des choses qui ne sont pas convenables. Ne les fais plus, pour ne pas être punie, comme je l’ai été, comme je le serai. C’est déjà très vilain d’avoir des amants, pour l’argent, ou pour le plaisir. Mais nous deux, nous avons fait pis, tu sais bien, que de se donner à des hommes. Nous avons été amies comme il ne faut pas l’être, et, chacune de notre côté, avec d’autres femmes, nous avons commis le même péché. Nous avons eu tort. C’est sale. Depuis quelques années, je voyais bien qu’il n’y a rien de plus sale. Au commencement, parce que c’est différent de l’habitude, parce que c’est drôle, parce qu’on est fière de se passer des hommes et de les faire enrager, on y trouve de l’amusement ; puis, il y a le plaisir qui attire, quand on est jeune. Mais, bientôt, vieilles ou fatiguées, on s’ennuie de ce qui vous paraissait agréable. Ça vous écœure, je te le dis ! On arrive à se demander si on a jamais aimé, vraiment, ces malpropretés, et l’on se répond :