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MÉPHISTOPHÉLA

jours ses martyrisées demandaient de nouveaux supplices, et qui en inventait toujours, de plus affreusement délicieux. L’homme qu’elle aimait, Céphise ne l’aima plus, le fit jeter à la porte, ne voulut plus le revoir. « Toi, disait-elle à Sophor, toi seule existes, toi seule vaux qu’on vive ! » Et alors, la baronne d’Hermelinge, tenant sous son despotique et déchirant amour, comme sous une serre, la plus belle des belles créatures, longtemps résistante, exulta dans un enchantement et dans un orgueil sans bornes.

Ainsi, c’était vrai ! elle accomplissait sa destinée ! Ce qu’elle devait être, elle l’était ; elle se réalisait, absolument. Elle rompait les antiques défenses, bafouait l’hymen, enseignait, imposait aux amitiés les délices d’un amour plus enviable que tous les amours. Humiliée une seule fois par l’homme dans l’horrible nuit nuptiale, comme elle était vengée à présent ! Comme elle triomphait des époux et des amants ! Séduites, ou domptées, les femmes la préféraient aux mâles méprisés ; il n’y avait plus pour ses élues d’autre paradis que celui dont elle leur faisait largesse. Les promises des virils embrassements acceptaient, réclamaient les féminines noces ! et, à des moments, l’excès de sa victoire lui enflait le cœur, lui empourprait la face, sa pâle face mate. Tous