Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/341

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
331
MÉPHISTOPHÉLA

qui, surprises, ou curieuses, et sûres du mystère, ne la repoussèrent qu’à demi, avaient des cœurs et des sens si timides. Jamais un éperdu abandon ; et le peu à peu, — avec des effrois et des reculs, les mains sur les paupières closes, — d’un consentement qui n’avoue pas avoir voulu, le hasard furtif d’un baiser presque refusé dans la pénombre d’une chambre à coucher ou d’un boudoir, ne suffisaient pas à l’assouvissement des entières convoitises où se précipitaient toutes ses forces vitales. La plupart de ces futiles, de ces prudentes, si la baronne d’Hermelinge, dans quelque exaspération, leur avait jeté un souvenir à la face, auraient pu répondre, presque sincèrement : « En vérité, madame, je ne sais ce que vous voulez dire. » La comtesse de Grignols, pourtant, si tendrement, si languissamment acquiescente ? une fille blasée, cette idéale, et une rouée, qui se faisait payer l’aveu du plaisir que peut-être elle n’avait pas. Quant à Marfa Pétrowna, c’était une espèce de petit monstre inachevé, pas assez femme pour accepter l’amour, pas assez homme pour l’imposer ; et ses rages — pour un temps vaincues, mais toujours prêtes à la rébellion — venaient de la double impuissance d’être assouvie ou d’assouvir ; qui aurait pu dire, d’ailleurs, si cette créature, désireuse avant tout