Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/287

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
277
MÉPHISTOPHÉLA

aux parfaits hymens, elle, femme, une femme ; elle palpitait de gloire et de conquête à entendre Magalo mépriser l’étreinte virile, en la sienne, préférée, et alors elle aimait, de donner tant de joie.

Cependant, des tristesses lui venaient, lui vinrent plus fréquemment après les premières semaines. Elle se rappelait l’amie d’enfance, perdue. Son regret s’augmentait-il d’un chagrin de n’avoir pas su lui révéler les ivresses soupçonnées, maintenant connues ? non, les sciences qu’elle avait acquises, elle ne rêvait pas de les partager avec Emmeline. Ce n’était pas que dans les docilités de Magalo son désir de la pure enfant se fût alenti (bien des fois, Magalo l’entendit balbutier un nom qui n’était pas le sien) ; mais il semblait à Sophor, en des rêveries qui d’ailleurs se précisaient peu, que les choses dont elle s’était instruite n’était pas de celles qu’Emmeline devait savoir, que c’était différent, lointain de celle-ci, ces obscurs mystères, que cela ne la concernait pas. Elle ne se repentait point des délices conquises, ne se jugeait pas coupable, éprouvait, au contraire, l’aise de se développer selon sa nature ; et que toutes les femmes fussent pareilles à elle-même, elle le voulait ; toutes, hors une ; Emmeline n’était pas