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MÉPHISTOPHÉLA

des cirques, des cafés-concerts, où souvent des plaisanteries, dans les chansons, la faisaient rougir. Mais Magalo n’aimait pas la mener voir des féeries, parce qu’une fois, au Châtelet, elle avait bien remarqué que Sophor regardait les jambes des danseuses et leurs gorges, d’un air qui n’était pas convenable. « Toi, tu sais, si tu me trompes !… » Mais, cela, en riant. Jalouse ? non, elle n’était pas jalouse ; du moins, elle n’avait pas eu l’habitude de l’être. Il se pouvait que ça lui vînt, un jour ou l’autre. Ce qui amusait beaucoup Sophor, c’était d’aller dans les magasins de nouveautés, chez les joailliers. Non pas qu’elle fût coquette ; une robe très simple lui suffisait, et elle ne portait pas d’autres bijoux que des bagues très lourdes, en or, sans pierreries, des bagues d’homme. Mais ce lui était un plaisir charmant d’acheter pour Magalo des étoffes riches, de couleurs très claires, avec des fleurs et de l’or, dont on ferait des robes de chambre, et des boucles d’oreille, des colliers, toutes ces lueurs qui font du bruit sur la peau quand on va et vient devant le lit. Ces cadeaux, Magalo les acceptait, les demandait même, à cause de l’habitude, avec les hommes, chez les marchands qui donnent un tant pour cent à la personne qui fait vendre ; mais, quand elle les avait, elle paraissait triste ;