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MÉPHISTOPHÉLA

les bras et les seins offerts, si radieusement blanche sous l’avalanche ensoleillée de ses cheveux, se tenait près de la baronne d’Hermelinge, celle-ci triomphait plus impudemment encore, et, feignant d’oublier toutes les autres présences, elle possédait, eût-on dit, de ses fixes regards, preneurs comme des mains et baiseurs comme des lèvres, cette belle chair de neige chaude, qui s’épanouissait. Parfois, elle se penchait vers son amie soudain tressaillante : on devinait que d’une aspiration, à travers les cheveux et les étoffes, elle lui humait le corps. Et elle se réjouissait dans le redoublement des scandales. Si Céphise Ador, d’une muette prière, ne l’eût retenue, la baronne d’Hermelinge se serait levée, l’aurait emportée dans le fond de la loge, après l’arrogance, vers toute la fête, d’un regard qui confirme et proclame ! Elle apparaissait comme une espèce d’étrange déesse à qui plairaient les mépris et les haines et qui se glorifierait d’être encensée d’affronts.

En la regardant, de loin, quelqu’un avait l’air de souffrir cruellement. C’était, assise dans un fauteuil d’amphithéâtre, une petite créature, mignonne et peu jolie, flétrie, point vieille pourtant, l’air fripé d’une fleur artificielle sur quoi l’on a marché. Elle n’était pas très bien mise. Une toilette de bal,