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MÉPHISTOPHÉLA

les marbres, des parallélismes d’armes rangées, et, aux murs, des complications régulières de panoplies. Quelque chose comme le cabinet de toilette d’une Penthésilée. C’est la ressource de la femme qui cesse d’être, — selon l’une ou l’autre de ses fonctions, — ménagère ou tendrement coquette, de se différencier jusqu’à la guerrière ; Mlle de Maupin, — non celle du divin roman, — tirait l’épée à tout propos et tua, d’une pointe en plein ventre, le jour des noces, le mari de la mariée qu’elle aimait. De n’être pas demeurée dans le normal, la femme est contrainte à l’extrême ; pour elle, pas de séjour, même d’un instant, entre la banalité à peine dépassée et l’au-delà de l’excès. Dans les bals masqués, les filles en travesti montrent plus d’impudence que les hommes ; on exagère tout ce qu’on usurpe.

À peine arrivée dans son cabinet de toilette, la baronne Sophor d’Hermelinge marche droit vers un grand miroir. Son visage n’a pas changé d’expression ; il a toujours, — si blafard et sans remuement, — cette fixité dominatrice, coutumière, où s’immobilise l’effroi. D’une main vite tendue, elle prend une houpe à poudre de riz, — étant parisienne, — s’en pâlit d’une pâleur moins blême. Mais elle ne sourit pas à son image,