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MÉPHISTOPHÉLA

aviez du chagrin, du vrai chagrin. Les autres se moquaient de vous, parce qu’on leur avait raconté l’histoire. Oui, la petite qui était avec vous et qui est partie. Elles trouvaient que c’était d’un drôle ! Toutes les femmes n’ont pas bon cœur, allez. Je leur ai dit : « Si ça vous arrivait à vous, est-ce que vous aimeriez qu’on se fiche de vous ? » et ça peut arriver à tout le monde. Elles riaient plus fort. Moi, je sais ce que c’est que de souffrir par le cœur. J’ai eu de ces douleurs-là, plus d’une fois ! Puis, c’était gentil ce qu’avait raconté le patron de l’hôtel, et le garçon. Toutes seules, rien que vous deux, dans la petite maisonnette, pas plus d’homme que sur la main. J’ai l’air, comme ça, d’être folle, et, c’est vrai, je ne suis pas bien sérieuse. Mais quand je vois jouer un drame, je pleure toutes les larmes de mon corps. Même, c’est ennuyeux, ça démaquille. Votre histoire, une romance avec un drame au bout. Alors, vraiment, elle est partie, tout à fait ? pourquoi ? est-ce que vous avez eu des raisons ? ou bien, si c’est qu’elle est partie pour rejoindre son amant ? Ah ! dam, ça, c’est forcé, on n’est pas née avec des rentes. Des amants, il en faut bien. Si elle s’en est allée pour ça, vous ne pouvez pas lui en vouloir ; ce serait trop bête d’être jalouse des hommes. On sait bien