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MÉPHISTOPHÉLA

parue, était si absurde, qu’elle la chassait, qu’elle n’en voulait pas ; à quelqu’un qui était en elle, et qui lui disait : « tu ne la retrouveras pas, » elle répondait : « allons donc ! » Quelle plaisante imagination : elle, Sophie, sans Emmeline ! Elle faillit éclater de rire, tant c’était imbécile, cette idée ; comme s’il n’était pas évident qu’elles étaient liées pour toujours, que jamais rien ne les séparerait ! et, enfin, qu’Emmeline se promenait dans l’île. Sophie allait, venait, se hâtait d’un bord à l’autre bord, retournait vers le chalet, — l’enfant était peut-être rentrée ; non, elle n’était pas rentrée, — se remettait en quête, ne se lassait pas. À un moment, elle se trouva devant une grande bâtisse blanche. « Maison Charmeloze ». Ah ! oui, elle se souvint de ce qu’avait dit le garçon d’auberge, et des femmes, en robes extravagantes, dans la prairie, et de celles d’entre ces femmes qui s’étaient glissées vers la salle à manger, comme des espionnes. Un imbécile soupçon la traversa : Emmeline était peut-être là. On avait pu l’appeler, l’emporter, l’enfermer. Ce n’était pas supposable seulement ! Bien qu’il fût assez tard — dix ou onze heures du matin, — la maison Charmeloze était silencieuse, endormie encore, avec des volets pareils à des paupières closes. Et puis, sa mignonne, chez ces