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MÉPHISTOPHÉLA

— Ah ?… bien.

Emmeline alla s’asseoir dans un grand fauteuil, croisa les jambes, renversa la tête, ne dit plus une parole. Elle boudait. Cela lui arrivait quelquefois de bouder. Elle avait, avec son amie, de ces malices, presque des coquetteries. Elle ne boudait pas longtemps, puisque, tout de suite, Sophie, à genoux, lui disait : « Ce que tu voudras ! Ce que tu voudras ! » Mais aujourd’hui, Sophie ne se hâtait point de s’humilier, de s’avouer vaincue ; au contraire, après un mouvement d’humeur, elle sortit de la salle à manger, monta au premier étage. Qu’avait-elle donc, enfin ? Ce désir d’Emmeline, d’aller respirer l’air, n’avait rien de coupable ; s’y fût-il mêlé une sorte d’envie de voir, après une semaine d’isolement, des gens qui se promènent, il n’y aurait rien eu là que de très naturel. Pourtant, Sophie s’irritait presque, aurait voulu se fâcher contre quelqu’un. Par un hasard, allant et venant dans la chambre, elle se trouva près de la fenêtre. Deux ou trois femmes, — de celles qui riaient tout à l’heure sur la pelouse, de celles dont avait parlé le garçon de l’auberge — s’approchaient de la maison de bois, avaient l’air de guetter les fenêtres fermées. Sophie descendit tout de suite, comme on se précipite pour porter secours. À