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MÉPHISTOPHÉLA

de sa mère, cherchait Sophie, pour savoir, pour comprendre. Elles se heurtèrent dans l’antichambre, chez Mme d’Hermelinge. « C’est toi ! s’écria Emmeline ; est-ce que tu souffres beaucoup ? — Parle plus bas, dit Sophie, et ne t’inquiète de rien. Je t’expliquerai. Nous partons. Oui, toi et moi. Pourquoi ne réponds-tu pas ? est-ce que tu hésites ? je veux que nous partions, nous partirons. » Elle disait ces mots sans élever la voix, d’un ton impérieux pourtant, qui n’admet pas de réplique. À ce moment, si Emmeline avait refusé de la suivre, elle l’aurait peut-être étranglée. Emmeline eut peur, puis, elle ne savait pas, elle faisait ce qu’on lui ordonnait, elle répondit : « Oui, nous partons, si tu veux… — Ah ! dit Sophie, attends, il faut que j’aille prendre de l’argent là-haut ; achève de t’habiller pendant ce temps-là ; ensuite, tu passeras par ma maison, je t’attendrai devant la porte. — Oui, oui, » dit Emmeline, la tête perdue. Quelques minutes après, elles se retrouvèrent dans la rue. Sophie avait une valise à la main. « Qu’est-ce que tu emportes ? demanda Emmeline. — Du linge, des robes. — Alors, aujourd’hui, nous ne rentrerons pas ? — Ni aujourd’hui, ni demain. Viens vite, il n’y a pas une minute à perdre, on va s’éveiller