Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/165

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
155
MÉPHISTOPHÉLA

V

Le crépuscule d’un soir d’octobre rosait le fleuve, la prairie, l’or rouillé des arbres de l’île forestière. Cette lueur était plus douce d’être si près de s’éteindre, avait l’infinie mélancolie d’un suprême regard d’amour. Aucun bruit dans la solitude bientôt nocturne, sinon celui de l’eau qui coule, pareil à un vaste glissement de soie sur de la soie, ou, par brusques réveils bientôt rendormis, des piailleries d’oiseaux dans un buisson, et aussi, quelquefois, venant de très loin, la musique, peut-être gaie là-bas, de quelque piano d’auberge, si atténuée, si éparse, si vaporisée d’avoir traversé le silence et la pénombre des branches qu’elle s’évanouissait en murmure dans la rêverie du jour finissant. Et autour de la