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MÉPHISTOPHÉLA

seaux ; il semblait qu’Emmeline dormît dans une volière fleurie ; si ces fleurs ne bougeaient point sous un bercement de brises, si ces oiseaux ne voletaient ni ne gazouillaient, c’était pour ne pas troubler la jeune fille ensommeillée. Sur les meubles, sur la cheminée, cent menus objets, gants, rubans, fanfreluches, petits coffrets de nacre, où l’on met des bonbons, paniers à ouvrage d’où pendent les laines rouges, vertes, bleues, portraits, dans des cadres de cristal, de la mère ou du frère, de Sophie aussi. Et dans un coin il y avait un autre lit, tout de dentelles et de blondes enrubannées, beaucoup plus petit, celui de la poupée qu’Emmeline avant de s’endormir avait déshabillée et couchée ; entre les bras d’une mignonne chaise s’étageaient la petite jupe, et les petits pantalons de batiste, et les bas de soie à jour, et les petits souliers de vernis noir ; par-dessus tout cela, sur la chemise pliée en quatre, le chapeau de satin bleu, un bord relevé, dressait une fantasque plume qui était une queue d’oiseau rose. En un grand fauteuil près du grand lit, les vêtements d’Emmeline étaient rangés tout comme sur la mignonne chaise les vêtements de la poupée ; on fait de même pour sa petite sœur et pour soi. Et le printemps immobile des murs, l’enfantillage souriant des menues choses