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MÉPHISTOPHÉLA

Dans le tumulte de la vie parisienne, elle est souvent une occasion de silence ; elle empêche de rire.

Certes, l’aberration dont elle s’illustre n’est désormais qu’une anecdote médiocre et fréquente. Si les temps ne sont pas encore venus — les temps prédits par le chaste et mélancolique poète — où s’accomplira au sud et au nord, au levant et au ponant, le divorce des sexes ennemis, si dans les modernes heptapoles survivent assez d’épouses et d’époux, de maîtresses et d’amants fidèles à la saine observance des naturelles règles pour que le divin châtiment ne submerge pas encore d’une torrentielle averse de soufre et de bitume les abominations des stériles hymens défendus, il est véritable pourtant que souvent le souffle de la femme se mêle au souffle de la femme ; et Paris ne s’attarde pas à s’émouvoir pour si peu.

Il sait que l’horreur d’être payées ou le dégoût de payer, rendant enfin odieux aux tristes filles d’amour ceux dont elles vivent ou ceux qui vivent d’elles, les exhorte au réciproque désintéressement des féminines étreintes qui leur permet l’illusion d’aimer et d’être aimées, en les préservant, lasses exprès, de la possibilité, en d’indignes bras, d’un abandon sincère.