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MÉPHISTOPHÉLA

pourquoi. Je veux savoir ce que j’ai qui te déplaît. Ah ! Dieu, tout ce qu’il te plaira que je sois, je le deviendrai pour que tu sois contente, pour que tu n’aies plus cet air de cruauté et de colère. Si tu savais tout ce que j’ai pour toi de douceur dans le cœur, mon trésor, ma chérie, ma femme ! Pour te faire un plaisir, je mourrais si tu voulais ; pour t’épargner un chagrin il me semble que j’aurais le courage de vivre sans te voir. Ah ! j’ai trop d’amour pour que tu n’en aies pas un peu. Viens, sois bonne, ne me déteste pas. Enfin, pense, je t’aime, nous sommes seuls, et c’est notre nuit de noces !

Avec ces paroles, avec d’autres encore, balbutiantes, pleurantes, il marchait vers elle, sur les genoux, et, sans emportement, avec une craintive tendresse, il lui mit autour de la jupe ses bras.

Mais elle le repoussa d’une détente de sa jambe en pleine poitrine ; le coup fut si rude qu’il manqua de choir à la renverse.

Il se leva, fou de colère enfin.

Mais elle avait eu le temps de se précipiter vers la fenêtre et de l’ouvrir : elle se serait jetée dans la rue, si, d’une main, par les cheveux et, de l’autre, par le milieu du corps, il ne l’eût saisie, enlevée, emportée vers le lit où il tomba sur elle.