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chœur resplendissant d’or et de cierges, il lui sembla, dans une douceur bientôt changée en amertume, qu’elle reconnaissait ce soleil dans la nef, ce soleil sur la sainte nappe, et les lumières de l’autel doré ; elle retrouvait, revoyait quelque chose de délicieux ; elle se sentait vivre en une joie ancienne, renovée ; vêtue de blanc comme aujourd’hui, elle s’était avancée jadis dans cette église, sous la clarté, mais alors, si heureuse… La réalité présente la reprit, lui serra le cœur ; ce fut comme on tombe qu’elle s’assit dans le fauteuil des mariées.

Pourtant, durant la célébration des rites, tandis que chantait majestueusement la voix nuptiale de l’orgue, ou que le prêtre, après s’être incliné devant le rétable, se retournait vers les époux, ou que tintait la sonnette qui ordonne l’agenouillement, elle, les yeux baissés vers le tapis des marches, — inconsciemment peut-être, peut-être demandant à la résurrection d’une heure exquise la force de subir l’heure affreuse, — elle évoqua la cérémonie d’autrefois ; le voile sur son front, sur ses bras, sur toute elle, était comme une caresse consolante qui l’enveloppait du passé, l’isolait des actuelles tristesses ; et voici que, dans une réalisation de souvenir, elle sentait des ferveurs passionnées lui monter du cœur aux lèvres,