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LE VŒU MALADROIT

lui rendait ; elle restait le plus souvent silencieuse, avec un air de mélancolie. Il n’en persista pas moins dans le projet de la demander en mariage ; et, comme on le pense, les royaux parents de Roselinde se gardèrent bien de refuser un parti aussi considérable. Ainsi le vagabond de naguère allait posséder la plus belle princesse du monde ! Une si extraordinaire félicité le troublait à tel point qu’il répondit au consentement du roi par des gestes extravagants peu compatibles avec la solennité de son rang, et, pour un peu, il eût dansé la pavane, devant toute la cour, tout seul. Hélas ! cette grande joie n’eut qu’une courte durée. À peine avertie de la volonté paternelle, Roselinde tomba, à demi morte, dans les bras de ses demoiselles d’honneur ; et quand elle revenait à elle, c’était pour dire, avec des sanglots, en se tordant les bras, qu’elle ne voulait pas se marier, qu’elle se tuerait plutôt que d’épouser le prince.