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LA BELLE AU BOIS RÊVANT

qu’il eût jamais vu, une princesse qui paraissait avoir quinze ou seize ans, et dont l’éclat resplendissant avait quelque chose de lumineux et de divin.

J’accorde que les choses se passèrent ainsi — c’est toujours le Rouet qui parle — et l’auteur, jusqu’à ce moment, n’a point menti avec trop d’effronterie. Mais il n’y a rien de plus faux que le reste du conte ; et je ne saurais admettre que la Belle réveillée ait regardé le prince avec des regards amoureux, ni qu’elle lui ait dit : « Est-ce vous, monseigneur ? Vous vous êtes bien fait attendre. »

Si tu veux savoir la vérité, écoute.

La princesse étendit les bras, leva la tête un peu, ouvrit ses yeux à demi, les referma, comme effrayée de la lumière, et soupira longuement, tandis que Pouffe, la petite chienne, éveillée aussi, jappait avec colère.

— Qui donc est venu, demanda enfin la filleule des fées, et qu’est-ce donc que l’on me veut ?

Le prince, à genoux, s’écria :

— Celui qui est venu, c’est celui qui vous