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LA DERNIÈRE FÉE

marcher à pied. Elle s’y résigna cependant, et se mit en route, à pas menus, parmi les herbes plus hautes qu’elle. Elle avait résolu de se rendre chez les rouges-gorges du mur fleuri de glycines ; le père et la mère de ses filleuls ne manqueraient pas de la bien accueillir ; leur nid lui serait un asile, du moins jusqu’à l’automne. On ne va pas si vite, avec de toutes petites jambes, que dans une coquille d’avelines, emportée par des bêtes-à-bon-Dieu qui voltigent. Trois longs jours se passèrent avant qu’elle aperçût la muraille en fleur ; vous pensez qu’elle était bien lasse. Mais elle allait pouvoir se reposer enfin. « C’est moi, dit-elle en s’approchant, c’est moi, la fée marraine ; venez me prendre, bons oiseaux, sur vos ailes, et portez-moi dans votre logis de mousse. » Point de réponse ; pas même une petite tête de rouge-gorge, sortant d’entre les feuilles pour regarder qui est là ; et, en écarquillant les yeux, Oriane vit qu’on avait accroché au mur, à la place où fut le nid, un morceau de faïence blanche, qui traversait le fil d’une ligne de télégraphe.