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LA DERNIÈRE FÉE

remuait dans la brise les mystères enchantés de ses profondes verdures, il n’y avait plus qu’une vaste plaine, avec des bâtisses éparses, sous un ciel sali de noires fumées. Qu’étiez-vous devenues, clairières vertes et dorées où l’on dansait au clair des étoiles, fourrés de roses, buissons d’épines épanouies, grottes où le sommeil souriait sur les mousses d’or, dans les parfums et les musiques, et vous, palais souterrains aux murailles de cristal, qu’illuminaient, les jours de fêtes, mille lustres de vivantes pierreries ? Qu’étiez-vous devenues, Urgande, Urgèle, Alcine, Viviane, et Holda la païenne, et Mélusine la charmeuse, et vous, Mélandre, et vous, Arie, et vous aussi Mab et Titania ? « C’est en vain que tu les appellerais, pauvre Oriane, dit un lézard qui s’arrêta de fuir entre les pierres. Des hommes se sont précipités en grand nombre à travers vos chères solitudes ; pour qu’on pût bâtir des maisons, pour ouvrir un passage à d’affreuses machines soufflant des vapeurs et des flammes, ils ont abattu les arbres, incendié les fourrés de roses et les buissons d’épines, comblé des