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LA BELLE DU MONDE

perruches, et des passerines fauves et roses, et des roitelets couleur de feu, et des aviranos et des rossignolettes, — elle eut envie de l’oiseau inconnu. Elle manda un prince qui, pour l’amour d’elle, séjournait à la cour depuis plus d’une année, en grande mélancolie. C’était le propre neveu de l’empereur de Trébizonde ; il était jeune et beau comme un matin de printemps ; afin de plaire à la princesse, il avait accompli les plus périlleux exploits, avait triomphé des plus rudes épreuves ; mais jamais elle ne récompensa que par des rebuffades l’amour et le dévouement qu’il ne cessait de lui témoigner.

Quand le prince fut venu :

— Seigneur, lui dit-elle, vous irez, s’il vous plaît, me chercher l’oiseau pareil à un brasier rose de pierreries, qui a son nid dans la montagne des Algonquins ! et, si vous l’apportez, je vous donnerai peut-être à baiser le bout de l’ongle de mon petit doigt.

— Oh ! madame, s’écria une demoiselle d’honneur, ne savez-vous pas que, dans sa solitude lointaine, cet oiseau est gardé par mille