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LES OISEAUX BLEUS

voulait pas voir le cher visage d’enfant, épanoui comme le matin où elle aurait eu tant de plaisir à mettre un long baiser.

Il continua de parler, tristement :

— C’est donc que vous êtes bien cruelle, puisque vous ne voulez pas ! Je comprendrais que vous me refusiez l’incomparable joie que j’implore, s’il ne s’agissait que de moi, que vous n’aimez pas assez. Mais, ô méchante, vous ne songez donc pas à votre ange qui pleure son aile blanche ? Oubliez-vous qu’en me restituant le baiser reçu, vous lui rendriez le libre vol parmi les nuées et les étoiles de son paradis ? Comme il est malheureux, et comme il est à plaindre ! il se traîne sur le sol, au lieu de planer dans les aurores ; accoutumé à resplendir de jour, il est tout gris de poussière. Avez-vous jamais vu une tourterelle à demi morte qui veut regagner sa branche, et ne peut pas ? C’est à cet oiseau qu’il ressemble. Ah ! le pauvre. Si vous n’avez point pitié de moi, ayez pitié de lui, et résignez-vous à me rendre heureux, afin qu’il le soit !

Ce fut certainement à cette considération