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LES OISEAUX BLEUS

— Ah ! chère âme, lui dit-il, c’est une triste nouvelle que j’apporte.

— Et laquelle, s’il vous plaît ? demanda-t-elle.

— Un ange a perdu l’une de ses ailes blanches.

Elle rougit, mais elle ne parut pas surprise. On aurait dit qu’elle était déjà instruite de ce fâcheux événement ; et, quand il eut ajouté : « Je suis bien décidé à la lui rendre », elle baissa les yeux, plus rougissante encore.

— Ma chère âme, reprit-il, vous seule pouvez me révéler comment je dois m’y prendre pour mener à bien mon entreprise. Vous êtes si jolie et si pure que tous les célestes esprits se donnent rendez-vous, le jour, dans vos pensées, et, la nuit, dans vos songes. Il est impossible que, les écoutant, vous n’ayez pas entendu parler de ce qui est arrivé à l’un d’eux.

— Hélas ! dit-elle, je suis au courant des choses autant qu’il est possible ; c’est mon ange gardien, justement, qui a perdu l’une de ses ailes.