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LES OISEAUX BLEUS

seaux, chaque matin, les bonnets de la veille.

— De la veille ? m’écriai-je, stupéfait. Tu ne veux pas dire, je pense, que tu me montres ici ta récolte d’un seul jour ?

— Mais si, je veux le dire, et je le dis. Dès que l’aube se lève, je remplace par des bonnets nouveaux les bonnets anciens. La journée d’hier, relativement, n’a pas été très bonne.

Ô joie ! ô orgueil ! ô infini de l’amour ! Combien de cœurs échangés ! combien d’âmes qui se mêlent ! combien de bouches sur des bouches ! Ah ! que les Dieux sont bons !

Je dis à Puck, quand je fus revenu de mon extase :

— En ce cas, tu me dois une explication encore. Les bonnets d’hier, d’avant-hier, de jadis, de toujours, où les mets-tu, Robin Bonenfant ?

— Où je les mets ? partout ! et, bientôt, il n’y aura plus de place.

Il continua, en s’amusant à faire grimper une coccinelle sur le petit doigt de sa main gauche :

— J’en fais d’autres bonnets pour les ingé-