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LES OISEAUX BLEUS

Puck éclata de rire.

— Trois millions d’ébénistes, travaillant pendant trois millions d’années, ne suffiraient pas à faire assez de commodes et d’armoires pour que l’on pût, même en les serrant beaucoup, ranger tous les bonnets jetés par-dessus les moulins ! Viens avec moi, tu verras une chose qui ne manquera pas de t’intéresser.

Quand on voyage avec Puck, on voyage très vite ; une belle-de-nuit ne se serait ouverte qu’à demi pendant le temps que nous employâmes à nous rendre, de la venette où nous étions, dans un étrange et vaste jardin, si vaste que vous l’auriez cru à peine moins grand que toute la terre. Et ce jardin, plein d’innombrables arbustes entrelacés, avait pour jacinthes, pour roses, pour camélias, pour œillets, d’adorables petits bonnets qui frémissaient au vent. Il faisait venir l’idée d’un immense Éden qui serait une boutique de modistes. Je voyais, accrochés à des aubépines, des bonnets de toile, sans rubans ni fleurs ; bonnets de pauvres filles, qui s’étaient envolés, un jour de moisson, après un faux pas derrière une meule de