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LES TROIS BONNES FÉES

perdre leurs enfants dans les bois, n’ayant ni de quoi les nourrir ni de quoi les vêtir ; elle réussissait facilement à leur rendre courage, leur offrant des talismans, leur conseillant de faire des vœux qui ne manquaient jamais d’être accomplis ; et tel qui, trois moments auparavant, n’aurait pas eu de quoi faire l’aumône à un rouge-gorge cognant du bec à la vitre, se trouvait riche bourgeois dans une maison approvisionnée de tout, ou puissant monarque dans un palais de porphyre et de pierreries. Quant à Caricine, c’étaient les chagrins des amoureux qui l’émouvaient plus que toute peine ; elle rendait fidèles les coquettes et les inconstants, faisait s’attendrir les parents avares qui refusent de consentir au bonheur de leurs enfants ; et, lorsqu’elle apprenait qu’un vieux mendiant des chemins était épris de la fille d’un roi, elle le métamorphosait en un prince beau comme le jour afin qu’il pût épouser sa bien-aimée. De sorte que, si les choses avaient longtemps duré ainsi, il n’y aurait plus eu de misères ni de chagrins dans le monde grâce aux trois bonnes fées.