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LES OISEAUX BLEUS

détournait la tête avec un soupir ; il lui arrivait de repousser du pied son sapajou favori, qui eh était pour ses frais de jolies singeries ; attristée de la joie des autres, elle avait fait ouvrir la porte de leur cage à ses perruches familières, dont le jacassement l’importunait. Même elle ne prenait plus aucun plaisir à se mirer, tandis que ses femmes lui mettaient dans les cheveux des fleurs de pierreries. Enfin, il serait impossible d’imaginer une désolation pareille à celle de la princesse Modeste, et des cœurs de roche s’en fussent attendris. Je vous laisse à penser quelle devait être l’inquiétude du roi, qui aimait tendrement sa fille. Il n’avait goût à rien, ne s’intéressait plus aux affaires de l’État, bâillait aux flatteries de ses courtisans ; c’en était au point qu’il assista un jour, sans la moindre satisfaction, à la pendaison de deux ministres, bien que les spectacles de cette espèce eussent toujours eu le privilège de le mettre en belle humeur. Ce qui le navrait surtout, c’était que la princesse s’obstinait à ne point révéler le pourquoi de son chagrin ; il perdait l’espoir de