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LES OISEAUX BLEUS

d’elle ne savait qui, n’ayant d’autre souvenir que celui de s’être éveillée, un matin qu’il faisait du soleil, sous un buisson de la route, elle ne rentrait pas, le soir, dans une de ces bonnes chaumines, pleines d’une odeur de soupe, où les autres fillettes, après avoir tendu le front au père et à la mère, s’endorment dans de la paille tiède, sur le coffre à pain, en face du feu de sarment, qui s’endort aussi. Elle se résignait à grimper, dès que montait la nuit, dans un orme ou dans un chêne, et sommeillait, couchée le long d’une grosse branche, non loin des écureuils qui, la connaissant bien et ne s’effrayant plus d’elle, lui sautaient sur le bras, sur l’épaule, sur la tête, jouaient de leurs petites pattes dans ses cheveux ébouriffés, couleur d’or et si clairs qu’il était difficile de s’assoupir dans l’arbre, comme dans une chambre où il y a de la lumière. Lorsque les nuits étaient fraîches, elle se serait volontiers fourrée dans quelque nid de loriot ou de merle, si elle n’avait été trop grande. Son habillement était fait d’un vieux sac de toile, trouvé, un jour de chance, dans