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LES ACCORDAILLES

mariage. Vous pensez l’embarras que causa une telle proposition ! Marier cette mignonne poupée, grande comme une perruche, il n’y fallait pas songer. Quel homme s’accommoderait d’un épouse qui se perdrait certainement à toute minute dans le lit nuptial ! « Où donc êtes-vous, ma bien-aimée ? — Là, tout près de vous, mon ami, dans un pli de l’oreiller. » Et la demande de l’empereur de Sirinagor était d’autant plus effrayante, qu’on le disait lui-même d’une taille colossale ; il était plus beau que tous les princes, mais plus grand que tous les géants. Le jour de sa naissance, il avait été impossible de trouver un berceau assez vaste pour cet énorme prince ; on avait dû le coucher sur de longs tapis dans la salle du trône. À trois ans, il lui fallait se baisser un peu pour dénicher les oiseaux à la cime des chênes ! Ses parents, comme ceux d’Othilde, avaient consulté les médecins et les Fées, tout aussi vainement ; il avait grandi de plus en plus, d’une façon démesurée ; lorsque ses peuples, en célébration de quelque victoire, lui érigeaient des arcs de triomphe, il