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LES OISEAUX BLEUS

a bien longtemps que je suis au monde, mais jamais encore je n’avais rencontré une personne aussi affreuse que vous l’êtes.

— Je suis laide, moi ?

— Cent fois plus qu’on ne saurait l’exprimer.

— Quoi ! mes yeux ?…

— Ils sont gris comme la poussière, mais ce ne serait rien si vous ne louchiez pas de la façon la plus désagréable.

— Ma peau…

— On dirait que vous avez frotté de charbon pilé votre front et vos joues.

— Ma bouche…

— Elle est pâle comme une vieille fleur d’automne.

— Mes dents…

— Si la beauté des dents était d’être larges et jaunes, je n’en connaîtrais pas de plus belles que les vôtres !

— Ah ! du moins, mes oreilles…

— Elles sont si grandes, si rouges et si poilues, sous vos cheveux de filasse, qu’on ne peut les regarder sans horreur. Je ne suis