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TÉNACITÉ DES FÉDÉRÉS.

Mais cette anecdote, quoique très répandue, doit être fausse. Il est peu probable que le commandant en chef des troupes versaillaises ait consenti à un tel dialogue avec un « insurgé. »

Quant à Flourens, il est mort aussi. Où ? Comment ? C’est ce qu’on ne sait pas encore d’une façon certaine. Il y a plusieurs versions : On parle d’une balle dans la poitrine, ou dans le cou, ou dans la tête ; le bruit court aussi d’un coup de sabre qui lui aurait fendu le crâne en deux.

On s’occupe beaucoup de Flourens dans les groupes les plus réactionnaires. Cet homme singulier n’inspire pas d’antipathie, même à ceux qui devraient le détester le plus violemment. J’essayerai un jour de me rendre compte de cette partialité de l’opinion en faveur cle ce romanesque émeutier.

Duvaltué, Flourens tué, Bergeret agonisant, l’enthousiasme des fédérés devrait être singulièrement refroidi. Eh bien ! pas du tout. Les bataillons qui défilent sur le boulevard ont l’air très-résolu, ils chantent et ils prient : « Vive la Commune ! » Sont-ils dupes de leurs chefs au point de croire aux pompeuses affiches annonçant d’heure en heure des lignards faits prisonniers, des attaques repoussées, des redoutes emportées ? C’est invraisemblable. D’ailleurs, dans leurs quartiers respectifs, les gardes doivent voir revenir ceux qui ont été au combat et qu’attendent sur le pas de la porte des femmes inquiètes ; ils doivent apprendre d’eux que les marches en avant ont été en réalité des déroutes, et qu’il y a bien des morts et bien des blessés lorsque les bulletins de la Commune n’enregistrent que des « pertes