venue de la Grande-Armée. Autour de l’Arc-de-Triomphe, plus personne » Les rues voisines regorgent de gens qui cherchent un abri. Puis, peu à peu, on se rassure ; la déroute s’interrompt ; on rit d’un moment de panique, on revient sur ses pas. Un quart d’heure plus tard, la foule, de toutes parts, est aussi compacte qu’auparavant.
Cependant, ce spectacle — combattants et badauds — me désole. Je désespère de rien apprendre. Je reviens vers la ville.
À quelque distance du théâtre des événements, on est mieux informé ; on est, du moins, très informé. L’imagination, plus loin du fait, a plus beau jeu. Je recueille cent nouvelles absurdes. Ce qui paraît certain, c’est que les fédérés ont subi un échec, médiocrement important en soi, puisque les troupes de Versailles ont peu avancé, mais enfin un échec qui pourra avoir quelque influence sur les résolutions de la garde nationale. On lui avait dit : « L’armée ne se battra pas ; les lignards lèveront la crosse en l’air à Neuilly, comme ils ont fait à Montmartre. » Elle commence à croire que l’armée se battra, et les gens qui vont répétant le plus haut que les sergents de ville et les zouaves de Charette ont seuls attaqué, ont l’air de parler ainsi pour se rendre courage et se faire illusion à eux-mêmes.
Mais de quel côté est parti le premier coup de fusil ? Sur ce point, chacun dit son mot, et personne ne sait à quoi s’en tenir. On attend avec impatience des nouvelles officielles. Les murs, ordinairement si bavards, sont muets jusqu’à cette heure. La moins invraisemblable des versions qui circulent est celle-ci : au point du jour, il aurait eu quelques coups de feu échangés entre les