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CEUX QUI PARTENT.

— Vous écriviez au Figaro ?

— Oh ! bien peu ; mais, enfin, l’année dernière, j’ai adressé une lettre à Jules Prevel pour le prier de déclarer que mon vaudeville « les Jarretières de ma Tante » n’avait rien de commun avec celui d’un de mes confrères, intitulé « les Bretelles de mon Oncle, » et qu’en tout cas j’étais décidé à ne pas renoncer à mon titre (qui est très-joli, n’est-ce pas ?). Ma lettre a été publiée, et comme les gens de l’Hôtel de Ville ont condamné à mort tous les collaborateurs du Figaro… vous comprenez ?

— Si je comprends ! Vous devriez être parti depuis longtemps. Et vous allez à Versailles ?

— Naturellement.

— Par le chemin de fer ?

— Pourquoi pas ?

— Dame ! à votre place, j’hésiterais. Une machine qui saute, une rencontre de trains, cela s’est vu. La Commune est capable de tout pour se débarrasser d’un adversaire dangereux.

— Vous croyez qu’elle pourrait aller jusqu’à… ? Oh ! vous exagérez. C’est égal, je voyagerai en voiture.

Votre ami vous quitte précipitamment. Vous en rencontrez un autre. On rencontre tant d’amis sur le boulevard Montmartre !

— Comment ! vous écriez-vous, vous êtes encore à Paris ?

— Je pars ce soir.

— Est-ce que vous avez été condamné à mort ?

— Pas encore. On ne me juge que cette nuit.

— Diable ! Vous écriviez au Figaro ?

— Non, non, c’est toute une aventure. Imaginez-vous