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LES COMMISSIONS.

long chômage, à un avenir pendant lequel je serai peut-être dans l’impossibilité de subvenir aux besoins de chaque jour, que l’on rêverait de faire acquitter les dettes de mon passé ? Illusion pure. Vous vendrez mes meubles, si la loi vous y autorise, mais je ne payerai pas.

La seule solution possible, croyez-le, c’est la remise des termes échus. Mais cette remise ne doit pas avoir lieu d’une façon générale. Qu’on fasse des enquêtes ; aux locataires placés par la guerre dans l’impossibilité de s’acquitter, donnez quittance sans condition. À ceux qui ont moins souffert des événements, accordez des remises proportionnées à leurs pertes. Mais ceux que l’invasion n’a ni ruinés ni gênés sérieusement, et ils sont nombreux : marchands de denrées, propriétaires de cafés, gens opulents… etc., etc…, ceux-là, faitesles payer sur-le-champ, sans miséricorde ! Et en conséquence de cet arrangement, les propriétaires seraient moins lésés qu’on ne se l’imagine, car ce serait surtout des plus humbles locations qu’ils perdraient le profit. Le décret de la Commune repose sur un principe juste, et n’a que le tort d’être trop général.

Mais le nouveau gouvernement — car enfin c’est un gouvernement — ne se borne pas à décréter. Il s’installe, il se constitue. Il n’a pas organisé en quelques heures moins de dix commissions : commission executive, commission des finances, commission du travail, commission des relations extérieures, commission des services publics, commission de l’enseignement, commission des subsistances, commission militaire, commission de la justice, commission de sûreté générale.