Page:Mendès - Les 73 journées de la Commune, 1871.djvu/67

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

55
DIMANCHE, 26 MARS.

hommes ! » et cette attitude effraye profondément tous les esprits sensés demeurés fidèles à l’Assemblée, qui n’a pas d’être, malgré ses erreurs, la France elle-même, légalement représentée. Situation cruelle ! Paris se trouve obligé de choisir entre un gouvernement régulier auquel il voudrait obéir, mais qui lui rend par ses fautes l’obéissance impossible, et un pouvoir illégitime, coupable même, souillé de crimes, mais qui représente, dans quelques-unes de ses exigences, les aspirations de la majorité républicaine. De sorte que ce soir la Commune existera ! « Oh ! dira-t-on, elle existera de fait, non de droit ! » Sans doute, les partisans à outrance de la légalité pourront considérer comme non avenues des élections manifestement entachées de nullité, puisqu’elles auront été faites contre la volonté nationale figurée par l’Assemblée. Elles auront eu lieu cependant. Un fait n’est jamais sans importance. Dans deux heures, le Pouvoir exécutif de la République devra compter, qu’il le veuille ou non, avec une force qui aura acquis tout le semblant de légalité qu’elle pouvait se donner dans les circonstances actuelles.

XVIII.

Foule dans les rues, foule dans les promenades. Pendant ce temps, on vote. Ce soir, tous les théâtres ouvriront leurs portes. Dans le IIe arrondissement, M. Tirard, maire, a beaucoup de chances. Il fait le plus beau soleil