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PARIS CONTENT.

l’emploi qu’elle en fait, comme un crime digne d’un châtiment immédiat. Auparavant, craignant d’être abandonnée ou mal compris par elle, nous avions formé le projet d’obéir à nos maires et à nos députés librement élus par nous ; mais, par sa judicieuse conduite, le Gouvernement nous prouve qu’il n’a point cessé d’être digne de notre confiance. Qu’il commande donc ! nous obéirons.

À vrai dire, ce revirement dans l’attitude de l’Assemblée est aussi singulier qu’heureux. Elle parlait, hier encore, d’un autre style. La réception que la majorité a faite à nos maires ne permettait guère d’espérer un dénoûment aussi favorable aux intérêts de tous. Mais qu’importe ce qui s’est passé ? Pas de récriminations. Réjouissons-nous du bien présent, sans songer aux malheurs qui semblaient imminents. On raconte de toutes parts que les députés de la Seine et les maires, munis de pleins pouvoirs, règlent en ce moment même les conditions de l’accord. On parle des élections municipales pour le 2 avril ; ainsi disparaîtrait promptement toute cause de dissidence. À merveille ! Paris est content. Les boutiques se rouvrent. On se promène. La place Vendôme garde encore son aspect renfrogné, mais tout cela va finir. Quel beau temps ! On se parle sans se connaître, on se sourit, un peu plus on s’embrasserait. C’est aujourd’hui vendredi, non, c’est dimanche. Ah ! cette brave Assemblée !