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NOUVELLES ESPÉRANCES.

justice de leurs revendications. Ces chefs improvisés, inconnus, que la révolution a choisis, sont-ils tous indignes d’estime et dénués de capacités ? Il y a peut-être chez eux des forces vives et nouvelles, qu’il sera juste et même nécessaire d’utiliser. Les idées qu’ils représentent doivent être étudiées, et, si on les reconnaît bonnes, mises en pratique. C’est ce que l’Assemblée a compris et c’est ce qu’elle fait. Par des concessions qui, loin de diminuer son prestige, l’augmentent, elle met en demeure tous les cœurs et tous les esprits honnêtes — soldats ou chefs — de se rallier à elle. Ceux qui, après la proclamation du vice-amiral Saisset, refuseraient encore de reconnaître le Gouvernement, ne seraient plus des gens agissant en faveur de Paris et de la République, mais de coupables émeutiers poursuivant, par la plus criminelle des voies, la satisfaction de passions inavouables. Ainsi le bon grain va être séparé de l’ivraie. Oh ! cette ivraie, s’il le faut, nous l’arracherons sans pitié. Hier, avant-hier, place de la Bourse, place des Victoires, dans tout le quartier de la Banque, on était résolu à résister — à le résister seulement, car nul de nous, je l’affirme, n’aurait tiré un coup de fusil sans avoir été provoqué ; — mais à cette résolution même se mêlait une horrible tristesse, et un peu d’hésitation aussi. Nous savions que nos balles — si nous avions été attaqués — auraient pu frapper bien des innocenta, égarés sans doute, mais innocents ; peut-être, au moment suprême, le fusil nous serait-il tombé des mains. Aujourd’hui, rien de pareil. En reconnaissant nos droits, l’Assemblée s’est mise dans son droit ; nous considérons désormais toute rébellion contre son autorité accrue par