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UNE ALARME.

d’argent, reçoivent des vivres ou vont manger au compte de la mairie dans un restaurant de la rue des Filles-Saint-Thomas. La soupe, le bœuf, un plat de viande, des légumes, et une bouteille de vin. « Quand les fédérés, dit quelqu’un, sauront que non-seulement on nous paye la solde, mais qu’encore on nous fait dîner comme des princes, ils reviendront tous à nous. »

On est très-décidé à obéir aux maires et aux députés de Paris. On s’étonne seulement de ne pas voir le vice-amiral Saisset. Puisqu’il a accepté le commandement, il devrait se montrer. Quelques alarmistes vont jusqu’à insinuer que le vice-amiral hésite encore à organiser la résistance. Mais on ne les écoute pas. En somme, une grande résolution et une certaine confiance. « Nous sommes nombreux, nous sommes dans notre droit, nous triompherons. »

Vers quatre heures, une alarme très-chaude. On crie : Aux armes ! de toutes parts, le tambour bat, le clairon sonne, les compagnies se groupent. On entend le cric-cric des fusils à piston déjà chargés, auxquels on ajoute la capsule et dont on fait redescendre le chien. Le moment de la lutte est arrivé. « Nous sommes plus de dix mille hommes bien armés, bien décidés. » Personne ne reculera. La compagnie de mobiles, au pas de course, va renforcer la ligne de gardes nationaux qui défend l’entrée de la rue Vivienne.

La cause de ce tumulte est un bataillon de Belleville, qui défile sur le boulevard, avec trois pièces de canon.

Que va-t-il se passer ? Arrivés devant la rue Vivienne, les insurgés semblent hésiter, on dirait qu’ils vont faire halte. En un clin d’œil, les boulevards, tout-à-l’heure