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LA RÉSISTANCE.

életé au commandement supérieur de la garde nationale de la Seine. Ils croient qu’il y a des mitrailleuses dans le palais de la Bourse et dans la cour des Messageries. Le massacre de la rue de la Paix a décidé les plus timorés. On éprouve un désir réel d’en finir, par n’importe quels moyens, avec des tyrans qui, ne représentant, en somme, qu’une partie de la population parisienne, veulent dominer la cité tout entière. Ces préparatifs de résistance se font entre l’Hôtel de Ville, où siègent, formidablement défendus, les membres du Comité, et la place Vendôme, regorgeant d’insurgés. Est-ce la guerre civile, l’affreuse guerre civile qui va commencer ? Une compagnie de mobiles est accourue se joindre aux bataillons de l’ordre. Des élèves de l’École polytechnique vont et viennent, de la mairie du IIe arrondissement au Grand-Hôtel, où se trouvent, dit-on, l’amiral Saisset et son état-major. Un triple cordon de gardes nationaux, du côté du boulevard, défend l’entrée de la rue Vivierîne aux voitures et à toutes les personnes étrangères au quartier. Néanmoins, un grand nombre de curieux triomphe de la consigne. Sur la place de la Bourse, le long des faisceaux dont les baïonnettes étincèlent au soleil, il y a une foule qui se promène, parle, gesticule. Je remarque que les poches des gardes nationaux sont singulièrement gonflées ; on a distribué un nombre considérable de cartouches.

La consigne est précise : personne ne doit quitter son poste. Il y a pourtant des hommes qui sont là, debout, sans sommeil, depuis vingt-quatre heures. Même pour fcller dîner, on ne s’éloigne pas du camp des Amis de l’Ordre. On se nourrit où on peut. Ceux qui n’ont pas