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FEUX DE PELOTON.

« Un zouave grimpa à un arbre devant le Grand-Hôtel, et attacha notre drapeau à la branche la plus élevée.

« Il fut convenu qu’on se réunirait le lendemain, en uniforme, mais sans armes, à la même place. »

Ce récit diffère un peu de ceux qui ont été publiés dans les journaux ; mais j’ai d’excellentes raisons pour le considérer comme absolument véridique.

Que produira cette manifestation ? Les gens qui désirent : « l’ordre par la liberté et dans la liberté, » réussiront-ils à se réunir en assez grand nombre pour réduire à la raison, sans avoir recours à la force, les nombreux et puissants partisans de la future Commune ? Quoi qu’il arrive, cette manifestation prouve que Paris n’entend pas qu’on dispose de lui sans son consentement. Jointe à la tentative, auprès de l’Assemblée nationale, de nos députés, elle n’aura pas été inutile à la pacification prochaine. Il circule ce soir, dans les groupes moins amers, je ne sais quelles espérances heureuses de concorde et de calme.

IX.

Des feux de peloton ! Sur qui ? sur les Prussiens ? Non, sur des Français, sur des gens qui passent, sur des gens qui crient : « Vive la République et vive l’ordre ! » des hommes blessés ou morts qui tombent, des femmes qui fuient, les boutiques qui se ferment avec un bruit de fusillade, Paris entier qui s’effare, voilà ce que je viens de voir et d’entendre ! C’en est donc fait de nous cette fois ?