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PARIS HÉSITE.

révolution du 18 mars peut être racontée en quelques paroles :

Il y avait des canons à Montmartre ; le Gouvernement a voulu les prendre et n’a pas pu, grâce à la fraternité couarde des lignards. Une société secrète, composée de quelques délégués de quelques bataillons, a profité de cette occasion pour affirmer hautement quelle représentait la population tout entière, et pour lui ordonner d’élire — qu’elle l’ait désiré ou non — la Commune de Paris.

Que va faire Paris, entre ces dictateurs sortis l’on ne sait d’où, et le gouvernement réfugié à Versailles ?

V.

Paris ne fait rien. Il regarde les événements comme on regarde couler l’eau. D’où vient cette indifférence ? La surprise, la disparition des chefs pouvait, hier, excuser son inaction. Mais une nuit s’est passée. Chaque homme a eu le temps d’interroger sa conscience et d’en recevoir une réponse. On a eu le temps de se reconnaître, de se concerter, on aurait eu le temps d’agir. Pourquoi n’a-t-on rien fait ? pourquoi ne fait-on rien ? Les généraux Clément Thomas et Lecomte ont été assassinés, cela est aussi incontestable qu’odieux. Paris tout entier veut-il partager avec les criminels la responsabilité du crime ? Le gouvernement régulier a été chassé ; Paris consent-il à cette expulsion ? Des hommes sans mandat, ou du moins munis d’un mandat insuffisant, ont usurpé