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CE QUE RACONTENT LES INSURGÉS.

les Tuileries. Il est tombé un obus rue du Marché-Saint-Honoré. Sur le Cours-la-Reine, le 138me bataillon a soutenu le feu avec un grand courage. Les Tuileries sont armées de canons et ripostent à l’Arc-de-Triomphe. Avenue de Marigny, les gendarmes ont fusillé douze fédérés qui s’étaient rendus ; on a laissé les corps sur le trottoir, devant le débit de tabac. Rue de Sèvres, les vengeurs de Flourens ont mis en fuite tout un régiment de lignards ; les vengeurs de Flourens ont juré de se faire tuer jusqu’au dernier. Maintenant, on se bat au Champs-Élysées, autour du Ministère de la guerre, et sur le boulevard Haussmann. Dombroswki a été tué au château de la Muette, Les Versaillais attaquent la gare Saint-Lazare et marchent sur la caserne de la Pépinière. On a été trahi, vendu, surpris, mais n’importe ! on triomphera. « Nous n’avons plus besoin de chefs ni de généraux ; derrière les barricades tout le monde est maréchal. »

En ce moment, huit ou dix hommes qui s’enfuient accourent par la rue de la Chaussée-d’Antin. Ils nous rejoignent, ils crient : « Les Versaillais sont maîtres de la caserne. Ils établissent une batterie. Delescluze a été pris au Ministère de la guerre.

— Ce n’est pas vrai ! dit une cantinière, nous venons de le voir à l’Hôtel de Ville.

— Oui, oui, répètent les autres femmes, il est à l’Hôtel de Ville. Il nous a fait donner une mitrailleuse, Jules Vallès nous a embrassées l’une après l’autre. C’est un bel homme, allez ! il nous a dit que tout allait bien, que les Versaillais ne sortiraient pas de Paris, qu’on les cernerait, et que tout serait fini dans deux jours.