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CHUTE DE LA COLONNE VENDÔME.

verts, nous serions criminels. » Ces paroles auraient éclairé tant de misérables qui vont à la mort et qui croient qu’ils font bien de mourir ! Quant à ceux qui restent, ils doivent bien sentir que le pouvoir leur échappe. Ils n’ont pas pu arrêter ou garder Rossel ; on dirait qu’ils n’osent pas toucher à lui, parce qu’il a eu raison non pas de dire ce qu’il pensait, mais de penser ce qu’il a dit. Pendant qu’ils hésitent, l’œuvre militaire de Versailles s’achève. Vanves pris, Montrouge démantelé, des brèches ouvertes au Point-du-Jour, à la porte Maillot, à Saint-Ouen, il ne leur restera bientôt plus qu’à choisir entre la fuite ou les épouvantables excès d’une monstrueuse agonie. Puissent-ils fuir ! Qu’ils s’en aillent, loin, bien loin, hors du châtiment, méprisés, épargnés, oubliés s’il se peut ! On raconte que le Comité central essaye maintenant de se substituer à la Commune élue selon sa volonté. Née par lui, cette révolution mourra avec lui.

LXXXVI.

Il était cinq heures du soir. La journée avait été magnifique, et le soleil enveloppait le César, encore debout sur le glorieux piédestal formé de toute victoires. La foule stationnait ; à partir des deux barricades de la rue de la Paix et de la rue Castiglione, et s’épaississait jusqu’aux Tuileries et jusqu’au nouvel Opéra ; il y avait là vingt ou vingt-cinq mille curieux. On causait ; on s’accostait sans se connaître en s’appelant citoyen