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EAU BÉNITE DE CLUB.

père, s’écrie. Je vois des chaises prêtes à voler sur l’orateur. On l’entoure, on le hue : « À bas Lhuillier ! vive Drombrowski ! » Quelques-uns crient : « Il a raison ! » Le tumulte redouble. Calme au milieu de l’orage, le citoyen Lhuillier ne consent pas à quitter la tribune, il veut parler, il veut s’expliquer. Deux femmes — deux aimables mégères — se précipitent sur lui ; des hommes s’en mêlent : on l’enlève, on l’emporte, il se débat, il crie, on monte sur les chaises, je ne l’entends plus, je ne le vois plus. Qu’a-t-on fait du citoyen Lhuillier ?

Eh bien ! que pensez-vous de ceci, messieurs les catholiques ? regrettez-vous encore les prêtres et les chantres qui officiaient et psalmodiaient naguère dans les églises de Paris ? Quel homme, à l’aspect de ce public si tolérant, si intelligent, qui accueille avec reconnaissance les plus nobles leçons de morale et de politique, quel homme méconnaîtrait encore l’heureuse influence de la révolution actuelle ? Ô innombrables bienfaits de la Commune de Paris !

Comme j’allais sortir, un gamin s’approcha du bénitier, un brûle-gueule à la main. Il prit une poignée de tabac, et dit :

Au nom du père !

Il bourra sa pipe et dit :

du fils !

Il l’alluma et dit :

Et du Saint-Esprit !

Ma foi ! je lui ai donné une calotte.